Solukhumbu Trail 2010 Etape 1 Jiri - Kinja

Solukhumbu Trail 2010 Etape 1 Jiri - Kinja
Jeudi 11 novembre
Étape 1 : Jiri (1955m)- Deurali (2700m) - Kenja (1650), 28 km / 1650 m+ / 1890 m-

4h45 réveil matinal par le ... coq du jardin, boudiou impossible de se rendormir, en plus le duvet acheté à KTM se révèle trop chaud pour les conditions climatiques de Jiri. Si Jiri est à 1650 m d'altitude, le village est environ à la même latitude que le Caire (Égypte). En conséquence, il ne faut point s'offusquer de voir une végétation luxuriante à des altitudes décalées par rapport à nos standards européens. Toujours est il qu'il ne fait absolument pas froid ce matin, un beau soleil me fait sortir précocement de mon duvet pour aller à la chasse aux images.




de l'eau mais impropre pour nos estomacs d'occidentaux


Le déjeuner 7h00 au lodge est copieux: porridge (il va falloir s'habituer à celui ci car c'est un plat super calorique et l'alimentation locale joue un rôle primordial), thé, café, pain grillé, confiture au gout de bonbon haribo surprenant, miel œuf dur. Les locaux n'ont pas tout à fait ce régime, c'est plutôt soupe de légume, tsampa.



Pendant la durée du trail, il n'y aura malheureusement pas beaucoup de protéines animales sauf les œufs le matin au petit déjeuner, ca n'est pas très digeste alors certains les ont conserves pour le soir. Il faut savoir que la caravane comprend aussi des cuisiniers qui, en fonction des négociations avec les différents lodges, nous ferons un menu cohérent quoiqu'un peu trop répétitif. Amha la caravane transporte les ingrédients de nos menus tout au long du trail et nous ne dépendons pas des ressources alimentaires des lodges (c'est une supposition). Certains ont apporté des compléments alimentaires protéines (ce n'est pas un mauvais calcul).

Rappelez vous que désormais, tout est transporté en grande majorité à dos d'homme ou presque (mulets, dzo, yak ...)



Le fameux porridge, personnellement j'aime bien. Je n'envie pas ceux qui n'apprécient pas car ils vont en avoir tous les matins...



Tel un homme politique, je fais le tour de tout le monde ici, je mémorise les prénoms de chacun au grand étonnement des coureurs. Je vous rassure je ne brigue aucun mandat (par contre un mandat m'a brigué par la suite mais c'est une autre histoire..). Simplement, c'est très important dans l'optique de rédaction d'un récit de pouvoir sans hésiter relier des moments fort ou insignifiant à une personne. Cela créé un point de fixation très clair dans ma mémoire. Alors je passe dans les rangs en marmonnant...Pierre de Tarbes, Yvan de la Cluse, Mikaele et Antoine de Bretagne, Jean-Michel et Alexis de la Rochelle, Christophe de Nice, Thierry de Briancon..ok ok ok ok (à dire à la Michel Jonasz...de Drancy;-)

Une fois les sacs déposé peu avant le petit déjeuner, les porteurs partent 1h à 1h30 avant les coureurs et font en général le même parcours que nous avec 15 kg ou moins sur le dos (mon sac porteur deuter fait 11 kg). J'en rattraperai quelques uns mais les plus rapides sont hors de portée.

8h, l'organisation et Dawa s'affaire à monter la ligne de départ, rituel également qui se répètera jour après jour. Le maire et le commandant local sont chargés de donner le départ de cette 3eme édition.





Pose devant le sponsor...

8h30, l'excitation est palpable, presque autant que mon impréparation...Je suis entrain de batailler avec mon GPS ("grmmm...foutus satellites ou êtes vous ?) et le démarrage de la camera GoproHD. Je reste prudemment à l'arrière du peloton.

vidéo Solukhumbu Trail 2010 départ de Jiri

La tête de course part à une allure folle, et je peux dire aussi que la queue aussi car à peine le temps de faire une pause technique et je me retrouve bon dernier au bout de 10 minutes. Nous traversons des petits villages disséminées de façon régulière le long du chemin, les maisons sont toutes disposées au plus près du chemin. Nous passons littéralement devant leur pas de porte, engendrant le sentiment diffus d'envahir leur habitation. Les signes religieux sont aussi omniprésents, nous rencontrons d'abord de magnifique murs mani qu'il faut laisser sur la sa droite afin d'envoyer les prières au ciel (ca c'est ma culture lonely planet



un mani (la pour le coup Jean-Mi n'envoie pas de prières au ciel , mais bon les 1er coureurs prennent rarement aussi la peine de faire un petit détour de quelques mètres)

les inscriptions en sanscrit gravées sur les murs reprennent le mantra (prière) "Om mani padme hum" qui signifie hommage au joyau dans le lotus, c'est un des plus célèbre mantra bouddhiste, on l'appelle tout simplement mani.



Thierry passe devant la mère Denis



Dawa nous dépasse en petites foulées souples, caméra et talkie aux poings. Ses journées en tant que directeur de course sont très très longues.



Sylvie et François sur le 1er pont suspendu de la course, c'est du solide, il y a des filins en acier qui stabilisent latéralement l'édifice. Il y a bien quelques oscillations verticales si on se met à courir dessus mais la sensation de solidité reste dans nos esprits.


Je prends énormément de clichés au détriment de ma vitesse de course, je laisse l'APN dans ma poche lors des descentes assez techniques ou je me fais plaisir en envoyant un peu. C'est sans aucun doute une erreur, car les quadriceps durcissent anormalement vite. Le sentier est accidenté, il y a quelques similitude avec le GRR (la réunion avec sa végétation luxuriante, technicité du chemin) et le GR20 (brutalité des cotes et descentes), c'est un mix des deux avec une altitude plus haute parfois (nous passons un col à 2500 et un second à 2700 m). Il fait chaud et je vide consciencieusement l'eau de mon camel et le produit hydraminov légumes Effinov de ma gourde. Pour un premier jour nous découvrons un nouveau monde, surgit d'un passé mystérieux et beau, il nous faut juste être dans l'instant présent et ouvrir ses sens au maximum.





des couleurs incroyables à 2500 m


arrivée à Kinja


Je m'arrête à une terrasse d'un lodge pour boire un coca (120 roupies soit 1,2 euros) et attendre Thierry (je suis en panne d'eau). J'avais prévu 4h30 et je mettrai 5h30 avec en bonus un mal de jambes étonnant (mais j'y reviendrai plus tard). Coté bobo, je me suis fait une ampoule à une main (mauvais placement de dragonne durant 5 secondes), chose qui ne m'arrive jamais habituellement. Pour quelques jours ce sera sans bâtons...passambleu et saperlipopette !

Tout le long du chemin, il y a des lodges ou des maisons qui ont leur propre petite boutique alimentation, on y trouve ce qu'il faut pour nous traileurs (eau en bouteille, coca, barre chocolatée telles mars, kit kat, bounty, snickers, toblerone, twix...bon je m'arrête la, vous avez trouvé mon point faible !). De plus les prix sont en général bien plus faibles que dans certains lodges (j'ai vu un rapport de 1 a 4 !)

L'ambiance à l'arrivée est excellente, il fait bon, nous sommes en terrasse et l'on nous sert du thé, hot lemon à volonté, de surcroit il y a un repas chaud copieux (riz, pomme de terre) qui nous attend dans notre lodge.

vidéo de l'arrivée à Kinja


Maurice offre sa tournée malgré sa course paumatoire aujourd'hui (jardinage de 45 minutes). De nombreux coureurs de tête (Cyril,Didier, Nikos..) se seront égarés. Dawa et Patrick Michel vont réagir tout de suite en conseillant mieux les traceurs dans leur pose de rubalise et points de peinture. Je retrouve autour de la tablée Thierry, Émile, Alexis, Bernard et Julien le photographe qui a bien souffert (pas vraiment entrainé car débarqué sur le trail une semaine avant pour pallier la défaillance de Serge Jaulin). Super moment de convivialité.

1- prendre des affaires pour prendre une douche dans son sac coureur si l'étape est longue comme aujourd'hui (28 km), beaucoup de coureur ont du attendre leur sac porteur à .. 19h !
2- Se renseigner immédiatement à l'arrivée s'il y a des douches chaudes (payantes ou non, c'est pas cher 200 a 400 roupies) dans les lodges, n'hésitez pas à voir d'autres lodges de coureur. Par exemple notre lodge n'avait pas de douche chaude, pas de lavabo a l'intérieur mais les autres étaient plus confortables.
3- Savoir à l'avance avec qui vous allez prendre la chambre afin d'avoir une chambre de suite à l'arrivée (les pointeurs et logistique chambre sont ensembles), si on est seul il faut attendre quelqu'un pour avoir la clef.


le bon diner (soupe, pop corn, pâte, fromage et sauce tomate) sera à la bougie car le fragile réseau d'électricité est tombé. Et plus grave pour moi, une prémolaire se brise sur une graine de pop corn non formée. (quel nigaud de dentiste! c'est la 2eme fois que cela arrive, mettre du composite à la place d'un alliage c'est bien mais au prix d'une fragilisation de mes dents ... je vais lui faire bouffer mes cours de résistance des matériaux !). Si une douleur dentaire se déclare, ce sera malheureusement abandon direct, je me couche à 21h en souci sur cette pensée peu réjouissante.

Coté course les Népalais sont déjà en tête au grand dam des européens (un balisage trop léger a perdu nombre de favoris) qui savent que la deuxième semaine sera à leur désavantage. Une initiative intéressante de l'organisation est d'instaurer deux départs. Ceux qui ont plus de 2h30 de retard sur le 1er partiront une heure plus tôt (soit à 7h00). Les porteurs partent à 6h00 avec nos sacs (donc il faut se lever à 5h30 pour préparer les sacs porteurs ). Petit déjeuner à 6h30, mais les jours suivants il sera mis au moins 1h avant notre départ (digestion).

Je tiens à féliciter ici Philippe Bourgine (responsable du suivi live et vidéaste de talent) pour son expertise technique et artistique, ses journées sont très longues aussi, pas couché avant 22h à courir à droite et gauche pour les résultats de l'étape, faire un compte rendu des évènements marquants, sélectionner des images de son caméscope HD, trouver un spot, en pleine nature parfois, pour capter les satellites et uploader le classement et photos puis downloader les messages de nos proches...ouf je suis fatigué rien que de l'écrire ! Mais ce fut un vrai succès suivi sur la toile (plus de dix mille clics) par nos diverses communautés en ligne

toutes les photos de l'étape sont ici

Akuna