Pierrier d'Oumchichka, Atlas

Hola ami(e)s traileurs,

Km 52. Je viens juste de quitter le fond de vallée du village d'amenzel (un des villages les plus recules de l'Atlas). Le poste médical situé au pied du pierrier menant au col d'Oumchichka est pertinemment positionné. Bien que non marqué comme point d'eau, les bénévoles tirent l'eau de la rivière et  traite le précieux liquide stocké dans les jerrycans avec des pastilles micropur. Heureusement que ce point d'eau non officiel existe. Le prochain point d'eau à Azib Likemt me parait tellement éloigné à l'allure où je grimpe cette pente piégeuse. Il faut redoubler d'attention pour placer ses pieds. Les cailloux prennent un malin plaisir à rouler sous nos pieds. J'ai le souffle court malgré mes arrêts photo fréquents, la distance, ici, peut se convertir en temps. Les traileurs à 100 m sont à 10 minutes, ceux à 300 m 30 minutes. La tâche blanche que fait la tente en contrebas...1h. Je regarde devant moi et fais mentalement le même calcul pour ceux qui sont près du col. Des fois il vaut mieux ne pas savoir. Je me concentre sur le paysage, les coureurs, sachant que ce plaisir peut atténuer les signaux de rébellion de mes cuisses. Je fais de tout mes alliés, les nuages qui brisent les rayons du soleil, les paroles d'encouragement entre naufragés du désert, le souvenir d'un passé récent où je marchais encore avec une béquille. Plus j'avance dans ce périple et plus l'humilité me gagne. Mon Nikon se remplit de bits numériques et concomitamment mon monde intérieur se peuple d’émotions où le plaisir et la souffrance se mêlent de façon inavouables.
Si le proverbe arabe dit « Dieu créa le désert, puis furieux, il lui jeta des pierres. » je répondrai que les petites pierres sont les témoins des plus grandes montagnes. Serions nous les témoins de la beauté aride de ce désert ?

Akuna