IAU World Trail Challenge 2009 (Merrell) part II
- IAU World Trail Challenge 2009 (Merrell) part I
- IAU World Trail Challenge 2009 (Merrell) part II
Je reviens sur Cecilia Mora qui m'a doublé juste après le col des Rochilles, elle volait littéralement sur les rochers ! Vraiment je ne suis pas étonné qu'elle ait pu croquer les deux brits de façon aussi magistrale.
Je ne peux m'empêcher de vous parler de cette anecdote qui illustre un certain dilemme éthique. Jusqu'où peut on prendre des photos ? Je n'hésite pas en général a prendre des photos de traileurs a la dérive physiquement, du moment qu'il n'y a pas de danger immédiat pour la personne, mais il est évident que je suis sur un fil tenu dans ce genre d'exercice. Prendre en compte la détresse, l'émotion d'un instant pour décider de prendre ou non le cliche fait toute la différence entre la vulgarité d'un paparazzo ou la vista d'un photographe qui aurait su saisir l'instant magique.
ci dessus en direction du chalet Laval (le col des Beraudes est au fond en haut a droite)
A partir de maintenant, il y a le plat de résistance devant moi, le col des Beraudes. Je refais les niveaux d'eau (deux bidons de 600 ml, cela se révélera insuffisant par la suite pour moi et beaucoup d'autres) et repars en compagnie de Dominique Nugre suivi de près par Tomas Reiss de l'équipe Allemande. J'insiste auprès de ce dernier pour qu'il adopte une attitude très prudente. Je n'ai jamais gravi ce col de ce cote ci. J'ai eu l'occasion de l'aborder par le cote ponsonniere, et la vue du final la haut est vertigineuse ! La méfiance est de mise, mais le rythme est élevé. Même si l'on navigue autour de la 60eme place, le plateau est si dense que les athlètes autour de moi n'amusent pas la galerie et je sens les chevaux-vapeur sous leur carrosserie. Toutefois j'ai peut être un avantage non négligeable avec mes séjours en altitude récent. Je ne souffre absolument pas de la raréfaction de l'oxygène. Dominique s'envole, je reste avec Thomas qui coince peu avant d'arriver au lac.
Norimi Sakurai est non loin de moi, reconnaissable a ses petits cris aigus. Peu apres elle, les meilleures françaises se tiennent dans un mouchoir de poche: Maud Giraud, Cathy Dubois. Sandrine Martin est plus loin tandis que Kenza est franchement pas dans son jardin (d'ailleurs en franchissant le col, elle lâche un "je connaissais pas la montagne, maintenant je sais!" qui veut tout dire)
En passant au niveau du lac, Norimi me souffle un "beautiful", effectivement ça doit la changer des mondes du 100 km, mais il faut rappeler qu'elle est détentrice du 1er championnat IAU trail (tenu l'an dernier aux US, certes avec un plateau moins relevé)
Je repars avec elle, mais elle coince un peu, ou alors c'est l'altitude (nous grimpons a plus de 2800m), j'ai la forme et surtout moins de bornes dans les pattes. Je me permet de doubler quelques traileurs autrement meilleur que moi. Norimi se refroidit en prenant de la neige dans les névés. Une musique céleste se fait entendre, dieu jouerait il de l'accordéon ? Non ce n'est pas la fin et Saint Pierre la haut, c'est l'organisation qui a malicieusement mis une touche artistique dans notre quête de l'oxygène perdue.
Ci dessus Maud Giraud a 1' de Norimi, Cathy Dubois (ci dessous) est dans ses roues
Je décide de rester ici un bon moment pour prendre des photos, je retrouve au sommet Julien G. du MTC qui depuis le raid des dentelles du Ventoux (top 5) a chopé le syndrome de l'essuie glace. Il a gagné le col a VTT ! Il y a aussi Rascasse (kikoureur) qui a pris méthodiquement tous les coureurs en photo ici.
Thomas arrive 5 minutes après les filles, "this music was like a death funeral to me" m'avoue t il dans un râle. Il a pris cher mais une sélection nationale s'honore jusqu'au bout m'a t il dit quelques kilomètres avant. Quelle "bravitude" et "humilitude" !
Patrick V. est le premier des MTC au sommet de la course au milieu des élites, très belle perf ! Il est suivi de Jean-François, Pierre K. Thomas R. et du tout nouveau de Cuges Raphaël B. Ce dernier pour son premier long remontera presque tout ce beau monde lors d'une descente de toute beauté.
Pour vous donner une idée de la pente finale du col des Beraudes...
et ci dessous le pas (bien sécurisé) a franchir pour la descente du col
J'embraye le pas de Raphaël, mais rapidement je laisse partir les coureurs, occupe que je suis a soulager mes genoux et choisir les angles qui vont bien pour la photo.
Je me fais doubler par Erik Peisson (organisateur du trail de la Sainte Victoire), et c'est finalement avec lui que je vais faire toute la partie en balcon. Nous reprendrons un nombre conséquent de traileurs qui payent cher leur débauche d'énergie du col des Beraudes.
C'est une partie du parcours que j'affectionne particulièrement (l'ayant fait l'an dernier en rando avec le club MTC), en effet nous avons en point de mire les écrins (que nous ferons peu de temps après ce trail d'ailleurs avec le MTC...) et son sommet neigeux tout du long jusqu'au col du chardonnet.
La descente pour moi est signe de la jonction avec Tibichique, venue en mode rando photo depuis le départ. Je suis a sec, heureusement qu'elle m'indique une source près de la cabane, sinon impossible de tenir jusqu'au ravito de Foncouverte 500m D- plus loin. Il n'y a pas que moi a court de liquide, preuve que cette partie était éprouvante pour les organismes.
Les niveaux refait, c'est reparti toujours dans un décor de rêve. A chaque rivière traversée, je ne manque pas de prendre les coureurs sous toutes les coutures. Je prends même des risques en m'aventurant au raz de l'eau, et ce qui devait arrive arriva, plouf plouf !J'ai l'air fin...Vive les APN étanches !
Je suis un peu a la rue, vivement le ravito, ouf que ça fait du bien!
Je reste un bon moment ici, affale telle une chiffe. J'attends Tibichique mais elle semble être scotchée a son point photo (pas étonnant elle a pris plus de 500 photos..). J'ai le temps de voir Lucien, Hervé, Cyril, Stephane, Alex et Sophie défiler, mais pas de tibichique...
Ah mais elle est la ! On repart mais Jacqueline a comme du mal a courir. Bah elle finira en stop Nevache - Briancon - Monetier, et presque pas d'attente . Pour ma part, je repart de plus belle....rivière puis plouf bis repetita, aaaargh c'est dangereux le metier de coureur photographe !
J'ai quand même la patate, et je presse le pas, le col de Buffere est avale sans coup férir. J'essaye de dire aux coureurs que je ne fais pas partie de la course afin de ne pas plomber leur moral car a ce moment de la course, ils font tous la soupe a la grimace.
Le tam-tam résonne dans les oreilles, non ce n'est pas le battement de cœur mais le signal du dernier mètre D+ de franchi ! Le batteur fut très populaire parmi les traileurs, la fin de leur calvaire peut être ? Ou alors les quelques gouttes d'eau distribuées ça et la ?
C'est a dire qu'après on a eu droit a une DFCI pendant des kilomètres, pas facile a mon gout mais j'envoie les watts pour retrouver la foret dominant Monetier. J'entends le speaker faire la remise des prix...Zut alors ! il y a comme un raté...
Pas grave je tape la causette avec Patrick, bref que du bonheur car pas de gros souci sur l'orga (une évacuation par hélicoptère sur le petit parcours tout de même). Lorblanchet a dominé son sujet et ses adversaires.
J'ai dans ma besace électronique plus de 1000 photos...record battu...mouuuuais est ce bien raisonnable, je vais m'inscrire chez les PA (photographes anonymes) pour me désintoxiquer
Ah si j'ai pris une photo du Podium, and the winner is.....
Akuna