Friends, shadow of beauty, wonderland and the shrike thorn tree (2)

Publié le par Akuna

Jambo ami(e)s traileurs,

avant de lire cet article allez voir ici la première partie

Wonderland and Miss Delirium.....! (cet article est paru dans UFO magazine dans un dossier spécial UTMB)

 Où commença le conciliabule ? Peu avant le col de la Seigne au sortir d'une nuit étoilée ou bien après la Fouly au moment ou tous les chats deviennent gris? Je suis dégrisé désormais, de nouveau je peux parler et voir d'un seul tenant. Plus besoin d'un parlement démocratique intérieur exprimant une pensée, non, des cheminements de pensées parallèles. 

Tel un frêle esquif posé sur un lac calme et plat sous un ciel azur, je fais des va-et-vient à l'interface eau/air de ma perception. Le ciel symbolise mon ouverture sur le monde extérieur, utile autant pour se ressourcer de la beauté des paysages, que de prendre des photos (mon obsession). L'univers sous marin du lac symbolise ma concentration sur le monde intérieur, indispensable mode d'écoute du corps. 

Si le le premier jour du tour du mont blanc est qualifié de physique, alors la seconde nuit est juste méta-physique. La Fouly, drôle de nom pour une nuit de folie...Mais ça je ne le sais pas encore.  

[....]

Exit, tarie, finie est ma source de beauté, je passe en mode de couleurs dégradées sous le faisceau blafard de ma frontale. Je ne suis plus seul dans ma barquette marseillaise, Stéphane et Vincent, mes opportunistes galériens, seront mes ancres avec le monde extérieur. Ouf, la dualité est préservée, mais il faut croire que Miss Fo(u)ly a une vision plus complexe que mon mode en dichotomie mineure. Si la miss était une danse je dirais une valse, ou alors un derviche tourneur pour l'agréable vertige procuré.  

 

 

 

Derrière Vincent, je trouve le temps long...le nouveau tracé à travers bois vers la Fouly m'impatiente. Nous tournicotons sans voir âme qui vive ou même apercevoir une trace de civilisation. Nos conversations semblent elles mêmes tourner en rond et finissent par s'espacer. Mon attention est, malgré moi, captivée par les bandes réfléchissantes des chaussures de mon prédécesseur. Ces bandes décrivent des arabesques lumineuses compliquées, mes yeux ont du mal à faire le point, à accommoder. Je reste hypnotisé par ce ballet improvisé.

J'aimerai tant pouvoir fermer les yeux, revenir sur ce lac calme, plat et bien agencé. Mais je ne veux point perdre mes compagnons, mes ancres. 

Alors je maintiens un minimum de conscience afin de ne pas surcharger d'information un cerveau déjà très fatigué, le centre gérant l'équilibre est le premier à valser, malgré les bâtons je constate que dans les monotraces rectilignes je suis gauche et dois constamment planter mon bâton afin de ne pas tomber. Hasard ou coïncidence mes amis semblent frappés du même syndrome (coté gauche encore, à force de tourner à gauche du mont Blanc..). 

A ce moment là, je prie qu'il se passe quelque chose pour me sortir de cette torpeur, de ce "no brain's land", de cet univers ouaté mais fade. Les ravitos, les gens, les bruits sont des ilots formidables qui éveillent mes sens atrophiés. Las, mis à part la montée de Bovines, ludique par ses changements de rythme, je m'éteins peu à peu et titube de plus en plus.  

Serait ce les pas de danse de la miss venant rider ce lac trop lisse et policé de ma conscience ? Ces ondulations viennent bouger mon esquif. Je commence à mélanger l'intérieur et l'extérieur, insidieusement, sans m'en rendre compte. Avant d'arriver à Trient, peu après le col de la Forclaz, je trouve vraiment sympa les gens du coin d'avoir décoré les pierres qui ornent le chemin monotrace. Visiblement l'effort est louable même si les rochers ont l'air repeints par des enfants: vélos, fleurs dans un style plutôt rupestre voir préhistorique. Pendant une grande partie de la descente, je ne tarissais pas d'éloges sur l'intelligence touristique des hauts savoyards. C'est vrai que c'est trop sympa, je suis sidéré et tout est si gentil... 

J'en oublie d'en parler à mes "ancres" tellement je suis émerveillé par ce que je vois, j'ai un peu de désapprobation quant à la quantité de pierres repeintes, quel travail ! J'espère que l'instituteur n'a pas fait trop de zèle en imposant trop d'efforts à sa classe de minots. Bref, non seulement je ne m'endors plus mais je me sens revigoré c'est tant mimi... 

Tiens? Un obstacle au milieu de la monotrace, ce n'est pas un rocher comme j'aurai cru mais une petite crèche avec des figurines de personnages jaunes et des animaux rouges. c'est d'un détail et d'une minutie inégalée, et dire que j'ai vu cela en une fraction de seconde...

Ah Miss Fo(u)ly! Tu aurais dû en rester là, je serai bien resté à wonderland un peu plus longtemps. Mais là me faire gober une crèche en couleur la nuit... 

A partir de ce moment là, les hallucinations...eh oui!....continuent de plus belle, mais je (nous ? Miss Chamonix) fais l'effort de fixer une seconde de plus le fruit de mon imagination. Tel un morphing dans un film d'effet spéciaux, l'objet onirique reprend sa nature réel. C'est assez fantastique de voir fugacement au travers les yeux de son imagination, fut elle enfantine. J'ai continué à voir des hallucinations même tard dans la journée, et je m'en suis accommodé fort bien (il faut juste que les hallucinations n'aient pas trop l'air de la réalité !!). 

Mais le plus étonnant à mon goût, c'est vraiment le mélange imaginaire réel qui se reflète dans le schéma de pensée en plus de la vision. Dans mes discussions d'après course, j'ai eu cette dichotomie enfant émerveillé / adulte contrôle, certains UFOs pourront en témoigner. Au final, Je ne sais pas si c'est compréhensible de parler à deux voix, toutefois j'avais le sentiment d'avoir une créativité débordante. 

Ah! Cette deuxième nuit de l'UTMB, Miss Fo(u)ly une autre valse ?

 [la suite dans Friends...]

  1. Wonderland (Miss Fouly)
  2. the Friendship
  3. the Shrike thorn tree
  4. the shadow of beauty

 

Akuna

Publié dans Trail

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article