Grand Raid 73
Extraits du recit:
Le colombier m'inspire un petit haiku sans prétention (ordre de lecture, gauche puis de bas en haut).
Sur le chemin, je vois cet arbre un peu rabougri, sec et bas de la feuille dans cette pente. Mais ne vous y trompez pas c'est un combattant, un survivant dans la zone de combat (l'altitude à partir de laquelle les arbres survivent difficilement du au froid, vent, orage, manque d'oxygène...), à cette hauteur c'est extrêmement rare. Cela devrait forcer le respect, bel exemple de bout de végétal accroché a la vie. Il y a de l'analogie de traileur de la foret...
Une photo que j'aime bien ci-dessous, il suffirait de glisser le drapeau US dans les mains du premier grimpeur pour avoir un saisissant parallèle avec le dernier film de Clint Eastwood "la mémoire de nos pères".
Ici ce n'est heureusement pas la conquête de l'atoll sanglant Iwo Jima dans le pacifique mais bien de pacifiques traileurs montant le colombier (pacifique / colombe tout un symbole..)
La Galoppaz fut un peu mouvementee:
Je ne vois toujours pas de Jacqueline dans la prairie, je suis frigorifié, des frissons me parcourent le corps. Je suis accroupi, essayant de minimiser ma surface au vent et à la pluie. Déjà 45 minutes...J'ai une chaufferette dans le sac mais je n'ai pas la présence d'esprit de la prendre, les neurones sont gelés. Je m'enquiers des nouvelles auprès des bénévoles. Aurait-elle abandonné? Il n'y a plus personne dans la pente en vue. Le temps se dégrade rapidement, la vallée derrière moi s'assombrie. Premier flash, éclair net et précis 1km plus bas. A la VHF, le responsable dit "on décroche de là pour cause d'orage arrivant sur nous, je répète on décroche à la lisière du bois". Hum pas bon ça, faut pas faire de vieux os ici ! Les bénévoles repartent en direction du bois tandis qu'Amaury et moi traversons la crête face à l'orage déboulant à 70 km/h vers nous. Flash, je compte mentalement le son 1 seconde, soit impact à 300m , en combien de temps l'orage peut il nous frapper (80km/h ça fait du ??? en m/s, c'est pas le moment de faire des maths mais d'utiliser ses jambes!!!). Avant de courir, enlever mes batons dans mon sac pointés vers le ciel, (excellent paratonnerre). Pas d"abeilles" ou de phénomène d'ionisation autour de moi c'est déjà ça, je m'accroupi pour enlever mes batons, m..dr j'ai les doigts gantés et gelés, je passe de très longues secondes à détacher ces foutus bouts d'aciers.
Je me rappelle vaguement du livre "premier de cordée" de Frison Roche:
"- Entends-tu Georges ? Les abeilles…entends-tu, les abeilles bourdonnent ! Vite ! partons ! La foudre est sur nous…
Comme ils atteignaient un petit mur vertical de huit à dix mètres, l'air vibra très doucement, comme au passage d'un fluide ; les vibrations s'amplifièrent et ce fut à nouveau le bourdonnement d'un essaim, le chant des abeilles ! En entendant pour la seconde fois le bruissement mortel, les deux guides pâlirent sous le hâle ; ce bruissement, ce bourdonnement, c'était à nouveau l'indice formel d'une extraordinaire teneur en électricité statique…"
La suite du recit ici
Akuna